Atelier « Policiers – Supporters – Clubs » organisé par la fondation Nivel, les 09 et 10 novembre 2017 au siège de la F.F.F. à Paris.

Les 9 et 10 novembre dernier, la Fondation Daniel Nivel a organisé, pour la première fois en France, un atelier rassemblant, au siège de la FFF, des supporters de football, des policiers en charge de la sécurité autour des matches et des dirigeants de clubs de football. L’objectif était de réfléchir ensemble à des moyens d’action pour améliorer les relations entre policiers et supporters et concilier ainsi la sécurité des manifestations sportives et l’ambiance festive des tribunes.

La Fondation Daniel Nivel a été créée en octobre 2000 à l’initiative de la DFB (Fédération allemande de football), avec la participation de la FFF, l’UEFA et la FIFA. La Fondation porte le nom du gendarme français très grièvement blessé par des hooligans allemands à Lens lors de la Coupe du monde 1998. Son objet est de prévenir les incidents autour des matches de football, particulièrement ceux opposant des supporters et des policiers. Depuis 2009, la Fondation Nivel et ses partenaires organisent en Allemagne des « ateliers d’avenir », temps d’échange entre supporters et policiers auxquels sont conviés les autres acteurs impliqués
dans cette relation, notamment les clubs.

Le projet d’organiser un tel atelier en France a pris consistance ces derniers mois grâce à l’intérêt manifesté par les différents acteurs concernés. Des représentants des ministères de l’Intérieur (Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme) et des Sports, de l’Association Nationale des Supporters (ANS) et de Football Supporters Europe (FSE), de la FFF et de la LFP ainsi que des experts de la Fondation Nivel se sont réunis à plusieurs reprises à la FFF pour concevoir l’atelier des 9 et 10 novembre.

Plus d’une trentaine de personnes ont participé à cet atelier. Grâce à l’implication de la DNLH et des fédérations de supporters, des acteurs aux profils variés ont pu échanger. Du côté des forces de l’ordre, des représentants de différents services : DNLH, Sections d’Intervention Rapide déployées dans les stades, DDSP, renseignement territorial, CRS, préfecture de police de Paris, etc. Parmi les supporters, des représentants de l’ANS et de FSE ainsi que des membres de différentes associations (Collectif Ultras Paris, Saturday FC de Nancy, Malherbe Normandy Kop de Caen, Union des Supporters Stéphanois et Irrésistibles Français). Des référents supporters et stadium managers de clubs de L1 (LOSC, PSG, ASSE) ainsi que des représentants de la LFP ont également pris part aux débats, modérés par des experts (deux sociologues et un politiste) de la Fondation Nivel.

L’atelier a suivi la méthode mise en place par Gunter Pilz, sociologue allemand responsable du projet au sein de la Fondation Nivel. Répartis en trois groupes évoluant en parallèle, les participants ont travaillé en trois phases. Lors d’une première phase critique, ils ont recensé les problèmes actuels dans les relations entre policiers et supporters ainsi que les bonnes pratiques. La deuxième phase, imaginative, a permis d’envisager un cadre idéal des relations entre les trois entités (police, supporters, clubs). Enfin, une troisième phase réaliste a consisté à définir des actions concrètes qui pourraient être mise en place.
Les trois groupes de travail se sont ensuite rassemblés pour partager leurs conclusions, avant d’être invités par la FFF à assister au match France – pays de Galles au Stade de France.

Après avoir convenu qu’il existait des tensions autour des matches mais que le niveau de violence demeurait heureusement limité, les participants ont insisté sur la nécessité d’anticiper les problèmes (notamment dans la préparation des déplacements des supporters), de mieux accueillir les supporters visiteurs, d’homogénéiser le matériel d’animation autorisé dans les stades ou d’identifier clairement les responsables tant policiers que supporters afin de désamorcer d’éventuelles tensions. L’accent a en particulier été mis sur l’importance du référent supporters, que chaque club professionnel doit désigner en application de la loi de mai 2016. Son rôle est en effet de servir de médiateur entre les supporters, le club et les autres acteurs, en premier lieu la police. La question délicate de l’utilisation des engins pyrotechniques a, quant à elle, suscité des débats enflammés.

En conclusion de l’atelier, Jean-Paul Dispans (DNLH) s’est réjoui du « dialogue franc et constructif » et de la bonne ambiance qui ont prévalu lors de cet atelier. Les différents participants ont fait preuve d’enthousiasme, d’autocritique, d’efforts de compréhension des contraintes et logiques des autres acteurs et ils ont été force de propositions pour améliorer les relations policiers-supporters-clubs. Ronan Evain (Football Supporters Europe) s’est déclaré « optimiste sur la pérennité de la réflexion et des actions engagées ». En effet, les échanges entre représentants des forces de l’ordre et des associations de supporters se sont intensifiés ces derniers temps, notamment dans le cadre de l’Instance Nationale du Supportérisme installée en mars dernier. Une réunion bilan de l’atelier est prévue en décembre à la FFF pour synthétiser les idées qui ont émergé lors de cet atelier (qui seront compilées dans un rapport de la Fondation publié début 2018) et pour envisager leur mise en application. Dans cette perspective, la Fondation Nivel s’est engagée à financer un projet pilote mené de concert par les différentes parties prenantes. Elle compte également organiser en juin 2018 un événement de commémoration en hommage au gendarme Daniel Nivel.