Entre 1939 et 1945, la compétition est fortement perturbée. Eparpillement des joueurs, championnats interrompus, manipulation dans un but propagandiste par Vichy : le football devient secondaire et, lassé, Pierre Guichard quitte la présidence en 1943.
En 1945, à la reprise du championnat professionnel, l’ASSE ne dément pas sa réputation d’équipe « millionnaire » en engageant le gardien Charles Davin et le milieu de terrain Kader Firoud. Pourtant ce recrutement ambitieux ne permet pas à l’ASSE de remporter son premier titre de champion de France.
En 1948, encore une saison d’espoirs déçues ! Les illusions s’envolent avec une place de quatrième en championnat, durement conquise. Ce résultat bien modeste constituera encore pour un certain temps le meilleur classement des Verts.
Finalité, sous la baguette de l’entraîneur Ignace Tax, l’ASSE se montre très irrégulières jusqu’à 1950, date de retour de Pierre Guichard.
Au cours de la saison 1950-1951, Pierre Guichard reprend la présidence du club et Jean Snella devient entraîneur. A la tête des services administratifs Charles Paret est installé en tant que secrétaire général.
Pierre Guichar remplace Tax par Jean Snella et obtient la signature du meneur de jeu hollandais Kees Rijvers qu’il associe à Cuissard, Domingo, Alpsteg, de Cecco, Huguet, Remy et Fernandez…
En 1952, Pierre Guichard cède la présidence à Pierre Faurand. Après une transition en 1952-1953, la suivante apporte des satisfactions et se solde par une honorable cinquième place tout en pratiquant une politique de promotion des jeunes avec des garçons de talent.
En 1955, les Verts remportent leur premier trophée, la Coupe Drago, une épreuve réservée aux éliminées de la Coupe de France face Sedan devant dix mille spectateurs.
Les « stars » de l’équipe sont alors le gardien Claude Abbès et les attaquants Eugène N’Jo Léa et Rachid Mekloufi.
En sept ans de présidence, Pierre Faurand a fait de l’ASSE un club sérieux, capable d’affronter la rudesse du championnat et de s’illustrer au plus haut niveau. Célibataire, partageant sa vie entre ses responsabilités professionnelles et le club, il donnait tout son temps à ses deux passions.
La saison 1956-1957 est historique : emmenés par le redoutable duo offensif N’Jo Léa – Mekloufi, les Verts remportent leur premier titre de Champion de France. L’ASSE enthousiasme la France par la qualité de son jeu et Jean Cornu, dans l’Equipe, n’hésite pas à saluer « le plus beau Champion de France d’après-guerre » !
Sous la présidence de Pierre Faurand, de par son autorité, sa fougue, son sens de l’impulsion a fait du club ce qu’il est. Deux fois vainqueur de la coupe Drago en 1954-1955 et en 1957-1958, Champion de France de 1ère division en 1957, l’ASSE se dote sous sa présidence d’un palmarès déjà éloquent.
Suite logique à leur brillant parcours en championnat, les Verts découvrent la Coupe d’Europe à l’automne 1957. Opposés dès le premier tour aux Glasgow Rangers, ils s’inclinent 3-1 au match aller en Ecosse.
Au retour, les usines ferment exceptionnellement et trente mille personnes se pressent autour de la pelouse pour encourager l’ASSE : au terme d’un match superbe, les Verts l’emportent 2-1. C’est insuffisant pour se qualifier mais ce jour-là, un engouement est né autour du club et de ses valeurs.
Néanmoins, l’ASSE a quelque mal à digérer le titre de 1957.
En 1958, l’ASSE abandonne son titre au profit du Stade de Reims et finit à la septième place. Durant cette saison, l’équipe a concédé les matchs nuls, ainsi que les contre-performances à l’extérieur. Ils restent pourtant invaincus pendant la première partie du championnat.
Le seul trophée que les stéphanois réussissent à ramener à Geoffroy Guichard est la Coupe Drago, pour la seconde fois. Bien maigre consolation pour une équipe aux ambitions nationales avouées.
L’année 1959 sera celle de la démission du président Faurand. Pierre Guichard doit se remettre au service du club qu’il a crée, mais pour peu de temps ; il connaît en effet son véritable successeur et prépare son ascension.
La dynamique fléchit et Jean Snella jette l’éponge pour aller au Servette de Genève en 1959. L’homme qui a fait le club au point de vue sportif n’est plus là.
En 1960, l’ASSE parvient pour la première fois en finale de la Coupe de France. Cette finale devait clôturer une saison par ailleurs bien terne où les stéphanois terminèrent douzièmes du championnat. Une finale à perdre haleine, restée dans les annales de la Coupe, que les joueurs stéphanois vont perdre 4 à 2 face à Monaco durant les prolongations.
L’Etat major stéphanois connaît donc, à l’image du stade Geoffroy Guichard, des bouleversements. Les dirigeants du club décident la restauration du stade, resté en l’état depuis sa création. Pour cela, ils font appel à une entreprise de travaux publics dirigée par un certain monsieur Roger Rocher. Les travaux achevés, le stade est doté de vingt cinq mille places supplémentaires construites derrière les buts.
Roger Rocher devient le président de l’ASSE en 1961. Il est temps, la crise menace depuis la finale perdue devant Monaco.
La saison 1961-1962 est paradoxale. Le club est relégué pour la première fois de son histoire en 2e division.
Mais à Colombes, les joueurs stéphanois remportent la Coupe de France. Saint-Etienne accueille les joueurs en héros. Grande désillusion ! Comment est-il possible qu’une équipe donnée favorite pour le titre, puisse descendre.
Cette descente, loin d’être néfaste, sera au contraire salutaire pour le club.
Roger Rocher, tout en sauvegardant l’ossature de 1962, « coupe les branches mortes » et fait de la montée en première division, puis du titre, un objectif à court terme.
Pour l’heure, la saison 1962 n’est pas terminée et si l’ASSE est condamnée à la seconde division, elle gagne pour la deuxième fois sa place en finale de la Coupe de France. Loin d’être dominatrice et conquérante lors des qualifications, elle négocie pourtant les rencontres avec rigueur, s’adossant à une défense solide.
Le 13 mai 1962, les Verts se retrouvent en finale face à Nancy. De ce match sans panache, les stéphanois obtiendront leur première Coupe de France. Et, fait unique, c’est une équipe reléguée en seconde division qui reçoit la coupe des mains du Général de Gaulle.
Pour le moment, tout est oublié, la relégation, les mauvais matches, la finale jouée dans le froid, les joueurs en oublient même de saluer le général de Gaulle : ils sont fous de joie.
Désormais, animés par un enthousiasme qui ne se démentira jamais et soutenus par un public incomparable, les Verts sont prêts pour assumer un destin qui promet d’être glorieux…