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La finale de la Coupe de France de football opposera, vendredi 24 juillet, le PSG à l’ASSE. C’est le premier match officiel depuis quatre mois. Les supporteurs stéphanois seront absents des tribunes, où l’affluence a été limitée à 5 000 personnes.
Une finale ? Quelle finale ? « À peine un match », maugrée Georges Cote, vice-président de l’Union des supporteurs stéphanois (USS). Le « peuple vert » a le spleen. Absents des tribunes du Stade de France, c’est devant leur téléviseur que les supporteurs de l’AS Saint-Étienne (ASSE) rêveront d’un exploit face au Paris Saint-Germain de Kylian Mbappé, en finale de la Coupe de France. En raison des mesures sanitaires, ils ne pourront pas même faire corps devant un écran géant. « Et si on gagne, pas de remise de la coupe, pas de défilé des joueurs, rumine Georges Cote. C’est comme si ce match n’existait pas. »
En temps normal, la fête battrait son plein dans la capitale du Forez, qui n’a pas atteint ce stade de la compétition depuis 1982. « Les commerçants décompteraient les jours, on attendrait fébrilement le coup d’envoi », poursuit George Cote. Sauf que le coronavirus impose désormais sa loi. À l’interminable disette de matchs commencée avec le confinement succède cette réouverture des stades avec une affluence limitée à 5 000 places. Pour cette finale, les Stéphanois n’auraient pu envoyer que 900 supporteurs dans les tribunes. « Autant dire personne, grince Fred Deygas. Sans nous, un match de Saint-Étienne n’est plus vraiment un match, estime cet informaticien ardéchois. Les joueurs ont besoin qu’on les pousse. »
« Sans les supporteurs, Saint-Étienne est aussi plus triste. Ils remplissent les restaurants, font vivre les commerces, et pas que la boutique et le musée du club », souligne Jacqueline qui habite à cinq cents mètres du stade Geoffroy- Guichard. Cette ancienne gérante d’une société de transport routier et bien d’autres étaient en tribune lors de la finale de la Coupe de la Ligue, remportée par l’ASSE en 2013. Cinquante mille maillotsverts avaient alors repeint le Stade de France. Cette fois, pas un seul supporteur ne viendra à Saint-Denis.
L’ASSE a racheté les billets du virage qui leur était réservé. Il devrait rester vide, sans même un « tifo » pour les représenter, selon le vœu des groupes de supporteurs, dont celui de Georges Cote, qui ont appelé au boycott en raison du peu de places qui leur étaient accordées. « Quel gâchis, regrette cet ouvrier du bâtiment de 62 ans. De tels matchs marquent à vie les plus jeunes, et renouvellent les générations de supporteurs. »
Dans l’ensemble, le boycott est soutenu par les supporteurs, même si de nombreux adhérents de l’association Handi-Supporteurs ASSE, par exemple, auraient aimé pouvoir faire le déplacement. « Aller au stade est une sortie précieuse pour nombre d’entre eux. Sans les éducateurs, loin des foyers où vivent certaines personnes handicapées, ça rigole, ça parle football », rapporte son président, André Durand.
L’inquiétude perce cependant pour la saison prochaine si la jauge actuelle n’augmente pas. Dans le « Chaudron », surnom de Geoffroy-Guichard, Jacqueline notamment a ses habitudes. « Au kop nord ! On s’assied toujours aux mêmes places, avec les mêmes amis. C’est une famille. Nous sommes juste au-dessus des Magic Fans qui donnent le tempo. » Les Magic Fans, l’un des deux groupes « ultras » qui catalysent l’ambiance de tout le stade en sautant et en chantant inlassablement, épaule contre épaule. Cette ambiance électrique manque à Jacqueline. « À mon avis, on ne les reverra pas de sitôt », estime-t-elle. Gestes barrières obligent. « Par solidarité, je n’y retournerai pas non plus, jusqu’à ce que l’on puisse remplir le stade », tranche-t-elle.
À ce titre, la reprise du championnat est pleine d’incertitudes. Il faudra attendre la fin du mois d’août pour savoir si les stades pourront accueillir plus de 5 000 spectateurs – ou moins… « Si l’on en reste à cette jauge, qui décidera du nombre de places par groupe de supporteurs ? Et comment les distribuerons-nous à nos adhérents ? », s’interroge André Durand. Des questions qui restent pour l’heure sans réponse. La campagne d’abonnement n’a d’ailleurs pas débuté, en attendant d’y voir plus clair.
Bénévent Tosseri – La Croix – vendredi 24 juillet 2020
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