» Si on veut tuer le football, on ne peut pas faire mieux ! «
France Bleu Saint-Étienne : Que pensez vous de cette possible dissolution de groupes de supporters ultras à Saint-Étienne ?
Jean-Guy Riou, président de l’Union des Supporters Stéphanois et membre de l’Instance Nationale du Supporterisme : On est plus à ça près. Quand on voit que Gil Avérous, le ministre des Sports, a pondu un arrêté sur la billetterie nominative la nuit qui a suivi la motion de censure du gouvernement… C’est donc pas forcément étonnant. Maintenant, est ce que ce ne sont que des rumeurs ? En tout les cas, ce serait une décision catastrophique qui va amener le chaos dans nombre de tribunes françaises.
« Le chaos » dans les tribunes, le terme est très très fort. Ce serait le cas par exemple ici à Saint-Étienne ?
Bien sûr. Quels seront les interlocuteurs des autorités ? Il n’y en aura plus. Plus de réservations au préalable de billets pour les déplacements, plus d’interlocuteurs à Saint-Étienne et dans toutes les tribunes. Les ultras vont être solidaires entre eux. Une telle décision entraînerait un craquage de fumis comme jamais, quitte à ce que les matchs n’arrivent pas à leur terme. A un moment, il faut se poser les bonnes questions. Que des associations soient dissoutes parce qu’elles sont contre les valeurs de la République ou parce qu’elles prônent le nazisme ou le néo nazisme, ça s’entend. Là je ne vois pas les raisons pour lesquelles les groupes ultras seraient dissous. Effectivement, il y a des violences, mais comme il y en a toujours eu. Dans les années 90, les violences étaient beaucoup plus importantes que maintenant. Si c’est le seul argumentaire du ministère de l’Intérieur, c’est pauvre. Il y aura des recours auprès des tribunaux et je pense qu’ils iront dans le sens des avocats qui donc défendront ces associations.
Des dissolutions de groupes de supporters on en dénombre une dizaine partout en France depuis 2008. Pourquoi des groupes stéphanois comme les Magic Fans ou les Green Angels pourraient être touchés par ces dissolutions ?
Je ne sais pas. Il faudrait leur poser la question, si effectivement il y a des faits marquants que l’on ne connaît pas. Si toutefois ces deux groupes étaient visés à Saint-Étienne, qui va gérer les tribunes ? Quelle ambiance y aura-t-il dans les stades où les associations seront dissoutes ? Si on veut tuer le football, on peut pas faire mieux. Déjà qu’il y a des privations de liberté dans les déplacements et on en parle que très peu. Là je le dis franchement, si toutefois il y a des associations de supporters qui sont dissoutes sans raison forcément valable, ça va entraîner un chaos dans les tribunes et une réaction de tous les groupes de supporters partout en France. Pas forcément ultras.
Le calendrier fait bien les choses. Aujourd’hui il y a une réunion avec l’Instance Nationale du Supportérisme. Avec des représentants de supporters comme vous, la Ligue, la Fédération. Mais pas le ministre des Sports, Gil Avérous. Vous la maintenez quand même cette réunion ? Si oui, quel message vous voudrez faire passer ?
On a quand même tenu à maintenir au moins un groupe de travail en lieu et place de l’assemblée plénière. Il faut savoir que l’assemblée plénière, c’est près de 70 personnes qui sont invitées. Le ministre l’annule une semaine avant… Donc on a maintenu une réunion. Je vais y dire la même chose que ce que je vous ai dit. Que c’est une aberration. Si effectivement il n’y a plus d’interlocuteurs, qu’ils ne s’étonnent pas qu’il y ait des craquages de fumis beaucoup plus important. Si toutefois l’USS était dissoute, il est clair qu’on ne donnerait plus aucune information ni au club, ni aux instances administratives, policières, judiciaires. Ils se débrouilleraient. C’est inverse de ce qu’il faut faire.